05/02/25

« Débat salutaire sur les impasses des études décoloniales »

Recension de Critique de la raison décoloniale par Benoît Labre dans Le Comptoir.

Publié aux Éditions L’Échappée, “Critique de la raison décoloniale : Sur une contre-révolution intellectuelle”, dirigé par Pierre Gaussens et Gaya Makaran, propose une analyse incisive des études décoloniales. Cet ouvrage, fruit d’un travail collectif regroupant des universitaires latino-américains engagés dans la critique anticoloniale, s’attaque frontalement à ce courant intellectuel, en pointant ses contradictions, ses faiblesses théoriques et ses dérives politiques.

Les études décoloniales ont émergé au début des années 2000, portées par des intellectuels latino-américains réunis au sein du groupe Modernité/Colonialité. Parmi les figures emblématiques de ce mouvement, on compte le sociologue péruvien Anibal Quijano, le sémiologue argentin Walter Mignolo, l’anthropologue américano-colombien Arturo Escobar et le philosophe mexicain d’origine argentine Enrique Dussel.

Des fondements théoriques simplistes

Ce courant repose sur deux concepts centraux : la « colonialité », qui prétend identifier une continuité des structures de domination coloniales dans les sociétés modernes, et l’« eurocentrisme », accusé de ravager les savoirs et cultures des peuples dominés. La notion de « colonialité » postule que la colonisation européenne, initiée en 1492 avec l’arrivée de Christophe Colomb en Amérique, a instauré un schéma de pouvoir basé sur la domination raciale, perdurant jusqu’à nos jours. Selon cette perspective, l’eurocentrisme, c’est-à-dire l’hégémonie de la pensée occidentale, aurait annihilé les savoirs, cultures et mythologies des peuples dominés. Les études décoloniales visent ainsi à déconstruire cette hégémonie en valorisant les épistémologies et cosmologies des peuples indigènes, perçues comme des alternatives à la modernité occidentale (...).

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