« Confort & délivrance »
Recension d'Homo confort de Stefano Boni par Jacques Luzi dans Écologie & Politique (n°65, novembre 2022).
Comment comprendre, malgré l’amplification du désastre écologique et de l’administration totale, l’adhésion persistante des populations à l’industrialisme et la quête illusoire, en son sein, d’un salut individuel ? « Face à la multiplication des cancers, nous nous évertuons à manger de façon saine. Face à la perte de nos savoir-faire, nous nous contentons de fabriquer notre propre pain à la maison. Face à l’aliénation au travail, nous partons en week-end dans des centres de bien-être ou suivons des cours de méditation en pleine conscience. Et face à la catastrophe écologique en cours, nous nous rassurons en triant bien comme il faut nos déchets » (Stefano Boni). Aurélien Berlan ajouterait que, face à l’abolition de la « vie privée » par les technologies de collecte, de stockage et de traitement des informations personnelles (téléphones portables, puces RFID, etc.), nous jouons à nous sentir « libres » en choisissant la couleur de notre iPhone.
On peut certes évoquer la propagande médiatique, la fragmentation du corps social, la disparition des espaces de citoyenneté réelle, l’efficacité des moyens de répression, etc. Mais ces comportements sont aussi symptomatiques d’un attachement profond à l’orientation principale de l’industrialisme. Stefano Boni la nomme confort : en latin, « l’action […] d’alléger la douleur, les peines et la fatigue… » imposées par le monde organique. Berlan la nomme délivrance : être déchargé du « fardeau matériel de la vie quotidienne », du souci de la vie en commun (du politique), voire de la « condition humaine » (la naissance, le vieillissement, la mort) (...).
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