01/03/24

« Cette charge, documentée et efficace, contre [...] le « wokisme », est bien menée depuis la gauche – et c’est ce qui fait tout son intérêt »

Recension du Piège identitaire de Daniel Bernabé par Nathalie Heinich dans la revue Cités.

L’éditeur français du livre de Daniel Bernabé a fort bien fait de prendre l’initiative non seulement de le faire traduire mais aussi de modifier le titre initial (« La Trampa de la diversidad », le piège de la diversité) pour en faire « le piège identitaire » ; ainsi que son sous-titre (« Como el neoliberalismo framento la identidad de la clase trabajadora ») pour en faire « l’effacement de la question sociale ». Car lors de sa parution en espagnol, en 2018, l’identitarisme woke n’avait pas encore traversé l’Atlantique, en tout cas pas suffisamment pour qu’on l’identifie comme tel ; et ce qui pouvait apparaître alors, de façon assez classique, comme un pamphlet antilibéral en faveur du prolétariat constitue aujourd’hui, cinq ans après sa parution, une offensive parfaitement actuelle contre l’envahissement des problématiques communautaristes – le « genre », l’intersectionnalité, le décolonialisme, la question LGBT, le transactivisme – et la façon dont elles occultent les problèmes socio-économiques qui avaient toujours occupé la gauche. Car cette charge, documentée et efficace, contre la nouvelle vogue « inclusiviste », devenue depuis le « wokisme », est bien menée depuis la gauche – et c’est ce qui fait tout son intérêt dans un contexte où les propagandistes de ce mouvement essaient de se persuader, en le proclamant sur tous les tons, qu’il n’existerait d’anti-wokisme que de droite voire d’extrême droite. Journaliste, Bernabé est proche du parti Podemos et a même reçu un prix du Parti communiste espagnol. Il prend soin d’ailleurs de souligner que les causes défendues par la nouvelle idéologie identitariste sont (...).

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Daniel Bernabé