11/07/24

« Cerveau fatigué disponible »

Recension de Vide à la demande de Bertrand Cochard par Samuel Lacroix dans Sciences Humaines (n°370, juillet-août 2024).

On a pu constater que dès le début des vacances d’été, le public des séries télévisées se fait plus rare. Une observation qui conforte le propos du philosophe Bertrand Cochard, qui écrit : « C’est parce que l’on travaille trop que l’on regarde trop de séries. » Original, son essai ne s’attelle pas tant à critiquer le contenu des séries (parfois très bon) qu’à comprendre de quoi leur succès grandissant depuis vingt ans est le signe. Pour l’auteur, leur prévalence dit quelque chose de l’intensité de la vie moderne. Si on les lance le soir avant de dormir, c’est généralement qu’on n’a plus assez d’énergie pour pratiquer une autre activité, épuisé qu’on est par les sollicitations de la journée, du travail et des smartphones. La série est à ce titre un produit culturel s’insérant parfaitement dans nos routines laborieuses. Et, aussi excellente soit-elle, cette consommation n’est pas neutre : elle tend à faire de tout temps libre un temps valorisable durant lequel nous faisons fructifier la richesse des grandes plateformes. Du reste, ces dernières organisent savamment l’addiction, soucieuses qu’elles sont de ne plus laisser de possibilité au temps d’exister en dehors de la production de valeur (...).

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Bertrand Cochard