« Bienvenue à Brasero, la nouvelle revue libertaire de contre-histoire »
Recension de Brasero par Guillaume Malaurie dans Historia.
Ce n’est pas tous les jours qu’une nouvelle revue d’Histoire voit le jour. Alors bienvenue à Brasero ! Bienvenue au grand club Clio quand bien même cette revue se veut de contre-histoire !
Une revue « crème » comme disent les ados, avec sa maquette chiquissime et les illustrations de Jacques Aubertin qui font papillonner l’œil. Oui une dégaine bien « fraîche ». Une inspiration dont on a tout à fait le droit de ne pas partager les fixettes anti-État et décroissante, mais dont on appréciera le bagou et la curiosité pour les rebellions oubliées. Les durs à cuire. Les forts en gueule.
D’entrée les responsables de sensibilité libertaire posent un diagnostic sans pincettes sur les passeurs de mémoire dont nous faisons les uns et les autres profession. Ça piquera un peu là où ça fait mal. Écoutez : « Aujourd’hui, écrivent-ils, l’histoire ressemble trop à un champ de foire où le moindre objet d’étude est constitué en fonds de commerce. »
Visées ? Les studies (études), sur le genre, l’environnement, les races… qui « conduisent souvent à repérer dans un de ces domaines un groupe « dominé », une minorité « invisibilisée », une culture « marginalisée ». Alors, ajoutent-ils, « le champ de foire se transforme en champ de bataille. L’enquête historique devient policière : il y a des crimes et des victimes, il faut trouver les coupables… et même s’ils sont morts, leurs descendants méritent d’être jugés et punis. Finalement la mémoire remplace l’Histoire[…] » Bien vu.
Venant d’une mouvance « anar », la critique est particulièrement intéressante. Elle témoigne à haute voix d’une lassitude, voire d’une inquiétude, pour ces approches binaires qui ont certes permis de bousculer des tabous mais qui sont en train de planter des totems au cœur même des institutions universitaires.
OK mais que propose Brasero face aux déclinaisons de la woke story ? « Raconter des histoires sans nous raconter ces histoires ». Mais encore ? Conscients que la société du spectacle et du divertissement ont annexé la rente libertaire du « décalé », du « rebelle », du « subversif », ils ont décidé de nous proposer des itinéraires de … « gens ordinaires ». Les historiens de Brasero adoptent un petit air de Franciscains mais en nettement plus rigolo.
Grand plaisir jubilatoire avec l’article Trotskisme et soucoupes (volantes) de Patrick Marcolini sur le très officiel courant « trotsko posadiste » emmené par Homero Cristalli (1912-1981) alias J. Posadas. Thèse en deux parties. 1° Les ovnis sont conduits par des extraterrestres, 2° extraterrestres qui forcément sont parvenus chez eux au stade du communisme marxiste le plus accompli (...).
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