« Bakounine et la fleur du prolétariat »
Recension de Pour un anarchisme révolutionnaire du collectif Mur par Mur par Sébastien Navarro sur le site d'À contretemps.
L’objet est sobre. Pas de sous-titre racoleur ni d’épigraphe de connivence. Un titre sans fioriture qui pourrait être celui d’un tract : Pour un anarchisme révolutionnaire. Le nom des auteurs est cimenté au sein d’un mystérieux Collectif Mur par Mur dont on ne saura rien, mis à part que les murs en question qu’il s’agit de défaire symbolisent « le monde matériel qui s’est érigé entre nous et la réappropriation collective de nos moyens d’existence : la contrainte au travail, l’organisation industrielle de la production, la transformation technologique de l’espace en métropole, le maintien de l’ordre économique par l’État ». Des mots froids pour des concepts froids qui tentent de cartographier le déploiement, toujours plus massif et intime, du capitalisme, avec d’un côté du manche la classe bunkérisée des rentiers en plus-value exponentielle et de l’autre, celle des exploités. Non pas « dominés » ni « discriminés » mais bien « exploités », ce bon vieux substantif d’usage encore fréquent à la fin du siècle dernier et dont la charge, autrement plus inclusive que cette orthographe torturée déclinée dans les proses administratives et militantes, suffisait à faire naître dans l’esprit de ceux s’y identifiant le sentiment d’appartenance à la fameuse classe des prolétaires. De là la reconnaissance, à la fois mécanique et implicite, d’une condition universellement partagée : celle de sangs, de larmes et de sueurs versés dans la tuyauterie avide d’une ingénierie mondialisée qui, sous le masque fielleux d’une panacée progressiste et redistributive, ne serait jamais rien d’autre qu’une espèce d’insatiable extracteur de jus humain.
Pour lire la suite : www.acontretemps.org/spip.php?article843