« Arthur Cravan, le poète immodéré »
Recension d'Arthur Cravan, la terreur des fauves par Guillaume Contré dans Le Matricule des anges (avril).
C'est un Cravan à la fois boxeur et amoureux qu'on nous propose dans ce recueil en forme de mosaïque qui rassemble documents d'époque (articles de journaux français, anglais, américains, consacrés à ses "outrances"), un fameux Prosopoème dans lequel Breton voyait respirer "le climat pur du génie" et, surtout, occupant le centre du volume, les nombreuses lettres enflammées que le protodadaïste envoya à ses deux amantes américaines, Sophie Treadwell, qu'il ne vit pourtant que de rares fois à New York et qui, effrayée peut-être par l'intensité du personnage, partit vite loin de lui, et la poétesse et peintre Mina Loy, qui finira par le rejoindre à Mexico et l'attendra ensuite en vain à Buenos Aires.
Mais Rémy Ricordeau ne se contente pas de rassembler ces éléments épars, comme autant de pièces d'un puzzle définitivement incomplet en ce qu'il achoppe toujours sur le mystère irrésolu de la disparition en mer de Cravan. Au-delà du mythe, il tente aussi de cerner ce qui fait l'actualité de cette "icône de l'insubordination la plus radicale", préfiguratrice des avant-gardes à venir. [...]