« Alan Sillitoe l'enragé »
Recension de Samedi soir, dimanche matin d'Alan Sillitoe par Linda Lê dans En attendant Nadeau.
Dans L’homme révolté, objet d’une des grandes lectures d’Alan Sillitoe, Albert Camus écrit qu’au contraire du ressentiment, sécrétion néfaste, en vase clos, la révolte « fracture l’être et l’aide à déborder ». Le révolté refuse qu’on touche à ce qu’il est. « Il lutte, dit Camus, pour l’intégrité d’une partie de son être. Il ne cherche pas d’abord à conquérir, mais à imposer. »
Comme Charles Lumley, le héros de Hurry on down de John Wain, un autre de ces écrivains que l’Angleterre de l’après-guerre a regroupés sous le nom d’Angry Young Men, Arthur Seaton, l’ouvrier de Samedi soir, dimanche matin, semble prisonnier de son milieu, sans espoir et peut-être sans volonté d’en sortir. La révolte de ces enragés est sans issue, assurément vouée à l’échec, bien qu’ils fassent tout pour briser les carcans.
Premier roman d’un rebelle qui ne s’est engagé dans la Royal Air Force que pour comprendre qu’il refuserait toujours de se laisser embrigader, Samedi soir, dimanche matin est un de ces livres qui, en France, ont subi le sort des œuvres que tout le monde croit avoir lues, alors qu’elles sont tombées dans une espèce de purgatoire. La traduction de Samedi soir dimanche matin, due à Henri Delgove, était devenue introuvable, jusqu’à ce que les éditions de L’Échappée, triomphant de toutes sortes d’obstacles éditoriaux, la republient aujourd’hui dans la collection « Lampe-Tempête », la bien nommée. [...]
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