26/12/24

« À la Belle Epoque, c’était la lutte sociale »

Recension du Temps des révoltes d'Anne Steiner par Frédérique Roussel dans Libération.

Dans «le Temps des révoltes», Anne Steiner met en regard des conflits sociaux, nombreux au début du XXe siècle, et leur représentation en cartes postales.

De loin, on pourrait croire à une manifestation : des badauds de dos au premier plan, une foule qui remplit la rue de gauche à droite et qui se rapproche. De près, on voit que le cortège suit un corbillard attelé à deux chevaux. C’est une carte postale et elle a servi, le timbre à 5 centimes avec la semeuse en fait foi. La légende détaille le lieu et la situation : «Villeneuve-Saint-Georges Place de la Gare. Image du cortège de Emile Giobellina, tué pendant les Grèves (10 juillet 1908)». On n’imaginerait pas aujourd’hui envoyer une carte postale de funérailles. Ni même celle d’une rue hérissée de barricades, d’une soupe communiste, d’un portrait de piquets de grèves, de demeures incendiées ou d’une usine protégée par la troupe… C’est le premier intérêt passionnant du Temps des révoltes : montrer à voir des luttes sociales de la «Belle Epoque» à travers un média pittoresque pour nous, devenu document historique.

L’ouvrage de la sociologue Anne Steiner, épuisé depuis sa parution en 2015, vient d’être réédité, et enrichi de deux épisodes important du mouvement ouvrier qu’elle avait traité dans le Goût de l’émeute (2012) : la grève des terrassiers entre Draveil (Essonne) et Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne) en 1908 où Emile Giobellina perdit la vie, et celle des boutonniers de Méru dans l’Oise en 1909. Les récits de onze conflits sociaux du début du (...).

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